ACTU DEBATS

14/02/2013 sur le site: education.gouv.fr

 

Questions-réponses sur la réforme des rythmes à l'école primaire

En quoi la réforme des rythmes scolaires va-t-elle favoriser la réussite scolaire de tous les élèves ?

 Avec des enseignements regroupés sur seulement quatre jours par semaine, les écoliers français subissent actuellement des journées plus longues et plus chargées que la plupart des autres élèves dans le monde. Or cette extrême concentration du temps d’enseignement est inadaptée et préjudiciable aux apprentissages.
La réforme des rythmes scolaires permettra de mieux répartir les heures de classe sur la semaine, d'alléger la journée et de programmer les enseignements à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande. Les élèves seront ainsi plus attentifs pour apprendre à lire, écrire et compter, moins fatigués et plus épanouis. La réforme conduira en outre à un meilleur équilibre entre temps scolaire et périscolaire.

 

Quel sera le bénéfice de cette réforme pour les enfants ?

 La semaine de 4 jours et demi vise à assurer un plus grand respect des rythmes biologiques des enfants car nous savons que leur réussite à l’école primaire dépend pour une part essentielle des conditions dans lesquelles se déroulent leurs apprentissages. Les nouveaux rythmes scolaires permettront en effet une meilleure répartition des heures de classe sur la semaine, un allègement des journées et une programmation des enseignements aux moments où la faculté de concentration des élèves est la plus importante. Elle conduira également à un meilleur équilibre entre temps scolaire et temps périscolaire et garantira la complémentarité et la cohérence des activités proposées aux enfants tout au long de la journée. Il s’agit ici d’améliorer les conditions de réussite de tous les élèves et de renforcer leur plaisir d’apprendre et d’être à l’école.

 

L’ajout d’une matinée de classe permet-il réellement de réduire la fatigue des enfants ?

 L’ajout d’une demi-journée de classe par semaine est une préconisation des scientifiques spécialistes des rythmes de l’enfant. Il s’agit de retrouver un rythme équilibré permettant à l’enfant de s’épanouir et de mieux apprendre. 
Le matin étant le moment de la journée où l’élève est le plus attentif, la demi-journée du mercredi donnera du temps pour un apprentissage plus efficace des fondamentaux. Elle évitera en outre la rupture de rythme en milieu de semaine, que l’on sait source de fatigue et préjudiciable aux apprentissages.
Quant aux activités périscolaires (sports, arts, culture, etc.), elles permettront aux élèves de se découvrir des compétences et des centres d’intérêt nouveaux et de prendre plus de plaisir à apprendre et à être à l’école.

 

À partir de quand la réforme sera-t-elle mise en œuvre ?

La réforme des rythmes scolaires à l’école primaire entrera en application dès la rentrée scolaire 2013. Les communes ont cependant la possibilité de demander le report de son application à la rentrée 2014. Elles ont jusqu’au 31 mars 2013 au plus tard pour ce faire.

 

La réforme a-t-elle un impact sur le zonage et le nombre de jours de vacances scolaires ?

Non, les zones et le nombre de jours de vacances scolaires ne sont pas impactés par cette réforme.

 

Quand serai-je informé de la nouvelle organisation de la semaine scolaire de mon enfant ?

Les parents seront informés, via les écoles, dès le début du mois d’avril 2013, de la décision de leur commune de passer à la semaine de 4 jours et demi à la rentrée 2013 ou à la rentrée 2014.
Ils connaîtront l’organisation de la semaine scolaire de leur enfant au plus tard au retour des vacances de printemps.

 

Comment sera organisé l’emploi du temps des élèves dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires ?

L’emploi du temps des élèves sera organisé selon les grands principes suivants : les élèves auront toujours au total 24 heures d’enseignement obligatoire par semaine ; ils iront à l’école 4 jours et demi par semaine, dont le mercredi matin ; ils n’auront pas plus de 5 heures 30 d’enseignement obligatoire par jour, ni plus de 3 heures 30 par demi-journée ; ils auront une pause méridienne d’au moins 1 heure 30.
Cette nouvelle organisation permettra aux élèves d’avoir des journées de classe de 5 heures 15 en moyenne au lieu de 6 heures actuellement.
En pratique, les nouveaux rythmes scolaires ne compliqueront pas l’organisation quotidienne des familles car, si elles le souhaitent, leur enfant pourra continuer à être pris en charge au minimum jusqu’à l’heure actuelle de fin de la classe (16h30 dans la plupart des écoles). D’autres activités, conçues pour compléter l’enseignement scolaire, seront en effet proposées aux élèves sur le temps libéré.
Sur ce sujet, consultez également la question : Quelles seront les activités proposées aux élèves sur le temps libéré grâce à la nouvelle répartition des heures d’enseignement sur la semaine ?

 

La réforme va-t-elle modifier le nombre d’heures d’enseignement par semaine ?

Non, la semaine comportera comme aujourd’hui 24 heures d’enseignement. Il s’agit seulement de répartir ces heures différemment afin de respecter davantage les rythmes d’apprentissage et de repos des enfants. Conformément aux préconisations des scientifiques spécialistes des rythmes de l’enfant, le travail scolaire sera étalé sur 4 jours et demi - dont le mercredi matin le plus souvent - au lieu de 4, ce qui permettra d’alléger les autres journées en moyenne de 45 minutes et d’éviter la rupture de rythme en milieu de semaine, que l’on sait préjudiciable aux apprentissages.

 

Les communes pourront-elles demander des dérogations aux grands principes d’organisation du temps scolaire ?

Oui, les communes pourront solliciter des dérogations à certains des principes fixés par le cadre national.
Ces demandes de dérogation devront être justifiées par les particularités du projet éducatif territorial - l’élaboration d’un projet éducatif territorial sera donc une condition préalable - et présenter des garanties pédagogiques suffisantes.
Elles pourront concerner la mise en place d’une demi-journée d’enseignement le samedi matin au lieu du mercredi matin, l’augmentation de la durée de la journée d’enseignement au-delà de 5 heures 30 ou celle de la durée de la demi-journée pour la porter à plus de 3 heures 30.
Le principe des neuf demi-journées d’enseignement et celui des 24 heures d’enseignement hebdomadaire ne pourront faire l’objet d’aucune dérogation.

 

Les élèves seront-ils toujours pris en charge jusqu’à 16h30 si la classe se termine plus tôt ?

Oui. Si leurs familles le souhaitent, les élèves bénéficieront d’une solution de prise en charge au moins jusqu’aux horaires de sortie de l’école pratiqués aujourd’hui (16h30 dans la plupart des écoles). Ils pourront notamment accéder à des activités périscolaires proposées par les communes.
Sur ce sujet, consultez également la question : Quelles seront les activités proposées aux élèves sur le temps libéré grâce à la nouvelle répartition des heures d’enseignement sur la semaine ?Si les familles préfèrent retrouver leurs enfants dès la fin des enseignements obligatoires, il leur sera possible de venir les chercher.

 

Vais-je devoir changer le mode de garde de mes enfants ?

Non, car les élèves dont les familles le souhaitent demeureront pris en charge au minimum jusqu’à l’heure actuelle de fin de la classe (16h30 dans la plupart des écoles).
Les familles auront même moins de temps de garde à organiser puisque celles qui font actuellement garder leurs enfants le mercredi matin n’auront plus à le faire.

 

Les activités périscolaires sont-elles obligatoires ?

Non, les familles ne sont pas obligées d’inscrire leurs enfants à ces activités. Celles-ci sont facultatives, mais chaque enfant doit avoir la possibilité d’en bénéficier.

 

Quelles seront les activités proposées aux élèves sur le temps libéré grâce à la nouvelle répartition des heures d’enseignement sur la semaine ?

Les plages horaires libérées par la nouvelle organisation de la semaine seront utilisées pour mettre en place des activités conçues pour compléter l’enseignement scolaire.
Des activités périscolaires seront proposées par les communes (notamment via le redéploiement des activités actuellement prévues le mercredi matin). Ces activités sportives, culturelles, artistiques contribueront à l’épanouissement des élèves et au développement de leur curiosité intellectuelle.
Par ailleurs, des activités pédagogiques complémentaires seront organisées par les enseignants, à raison de 36 heures par an. Elles se dérouleront en groupes restreints d’élèves et permettront d’aider les élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages, d’accompagner le travail personnel ou de mettre en place une activité prévue par le projet d’école.

 

Comment garantir que les activités périscolaires seront suffisamment encadrées ?

L'État a créé un fonds d’amorçage de 250 millions d'euros afin de permettre aux communes d’organiser au mieux les activités périscolaires et, si nécessaire, le recrutement d'animateurs supplémentaires.
Sur ce sujet, consultez également la question : Comment sera financée la réforme ?


 

Y-aura-t-il suffisamment de place dans les locaux de l’école pour organiser les activités périscolaires ?

L’utilisation des locaux scolaires devra être optimisée en fonction de la diversité des activités périscolaires proposées, sachant que tous les élèves de l’école ne seront pas nécessairement inscrits aux activités périscolaires.
Les communes pourront également utiliser des locaux autres que les locaux scolaires (conservatoires de musique, centres d’animation, installations sportives, etc.), sous réserve que les élèves soient confiés, à la sortie de l'enceinte scolaire, à un ou plusieurs animateurs, que le déplacement ne soit pas trop long et que le parcours puisse s'effectuer en toute sécurité.

 

Comment sera financée la réforme ?

Un fonds exceptionnel, doté de 250 millions d’euros, accompagnera les communes dans la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. Ce fonds sera mis en place dans le cadre de la loi pour la refondation de l’École et aidera les communes à redéployer les activités périscolaires existantes (notamment celles organisées actuellement le mercredi matin) et à en proposer de nouvelles. Il s’agit de permettre la prise en charge de tous les enfants au minimum jusqu’à l’heure actuelle de fin de la classe (16h30 dans la plupart des écoles).
Le fonds concernera, pour l’année scolaire 2013-2014, l’ensemble des communes qui auront décidé de mettre en œuvre les nouveaux rythmes scolaires à la rentrée 2013. Les communes urbaines ou rurales les plus en difficulté bénéficieront d’un soutien financier plus important pour l’année scolaire 2013-2014 et pourront percevoir une aide pour l’année scolaire 2014-2015.

 

Mon enfant pourra-t-il continuer à pratiquer des activités extrascolaires le mercredi matin ?

Dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires, les 24 heures d’enseignement seront dispensées sur 9 demi-journées incluant le mercredi matin. Cette matinée de classe du mercredi constituera donc un temps obligatoire pour tous les élèves, sauf pour ceux scolarisés dans une commune ayant demandé et obtenu une dérogation afin d’organiser la demi-journée supplémentaire le samedi matin.

 

Les modalités d’accueil seront-elles identiques pour toutes les écoles ?

Les grands principes de l’organisation du temps scolaire s’appliqueront à l’ensemble des écoles mais des adaptations seront possibles, à l’intérieur de ce cadre, afin de prendre en compte les contraintes et les atouts des différents territoires et de leur permettre de mener à bien leurs ambitions éducatives. Les modalités d’accueil pourront donc différer d’une école à une autre, mais les services départementaux de l’éducation nationale veilleront à la cohérence de l’aménagement du temps scolaire dans les écoles d’un même territoire (notamment pour tenir compte des contraintes en termes de transports scolaires).
L’organisation du temps scolaire dans les écoles sera fixée par les services départementaux de l’éducation nationale à partir des projets qui pourront leur être transmis par les maires et par les conseils d’école.


Mon enfant en maternelle pourra-t-il continuer à faire la sieste ?

À l’école maternelle, la journée sera organisée de manière à permettre aux enfants de toute petite et petite sections de faire la sieste après le déjeuner, comme ils le font généralement aujourd’hui.
La sieste répond en effet à un besoin physiologique fondamental des jeunes enfants - un tout-petit ayant besoin d'un minimum de 12 heures de sommeil par jour. Elle contribue à l’équilibre psychologique, moteur, affectif et cognitif de l’enfant et lui permet d'être dans les meilleures dispositions pour apprendre et découvrir.

 

La réforme s’applique-t-elle aux écoles privées sous contrat ?

Les écoles privées sous contrat sont libres d’appliquer ou non la réforme des rythmes scolaires car le décret ne peut couvrir que les écoles publiques. Toutefois, l’objectif est que cette réforme puisse bénéficier au plus grand nombre d’enfants possible et que les écoles privées sous contrat passent également à la semaine de quatre jours et demi. C’est pourquoi, dans l’intérêt des enfants et afin d’éviter de trop grandes divergences dans l’organisation du temps scolaire, les écoles privées sous contrat seront elles aussi incitées, via le fonds d’amorçage, à adopter les nouveaux rythmes scolaires dès la rentrée 2013.

 --------------------------------------------------------------

COMMUNIQUÉS DE PRESSE sur le site de la mairie de Paris

Réforme des rythmes scolaires à la suite de la réunion avec les organisations syndicales 

25/02/2013

Une deuxième réunion de travail a été organisée cet après-midi avec les organisations syndicales représentatives de la ville et le maire de Paris au sujet de la mise en oeuvre de la réforme des rythmes éducatifs à Paris. Des propositions chiffrées de mesures ont été présentées. Le climat a été constructif, plusieurs organisations syndicales se disant favorables à une mise en oeuvre dès septembre 2013 si les moyens adéquats étaient prévus.
Concernant les modalités de financement de la réforme, la ville de Paris a rappelé qu'en plus de l'inscription au budget primitif 2013 de 5 millions d'euros et des 6,5 millions d'euros du fonds d'amorçage prévus par l'Etat en cas de mise en oeuvre en 2013, la caisse d'allocations familiales contribuera largement à la prise en charge des missions supplémentaires.
Concernant les moyens, que la réforme ait lieu ou non en septembre 2013, il est prévu la création de 250 postes pour déprécariser les personnels de la direction des affaires scolaires, de la direction des affaires culturelles et de la direction de la jeunesse et des sports ainsi que la titularisation de 450 agents contractuels en 2013.
Si la réforme était mise en oeuvre en septembre prochain, s'ajouteraient à ces avancées : la création de 750 postes additionnels dès le budget supplémentaire de juillet 2013 au titre de la déprécarisation ; la suppression du plafond des 910 heures pour les vacations qui correspond à une demande unanime des organisations syndicales ; le renforcement de deux agents par circonscription des affaires scolaires et de la petite enfance (CASPE) ; la structuration d'une filière d'animation avec un corps de catégorie B pour les directeurs de centres de loisir ; pour les agents spécialisés des écoles maternelles (ASEM) ; le recentrage sur leur coeur de métier (s'occuper des enfants) en les déchargeant d'une partie des taches de ménage. Enfin, en fonction des résultats de la consultation des Parisiens lancée vendredi dernier sur le site Paris.fr sur le choix des temps périscolaires addtionnels, d'autres mesures seront étudiées en particulier en ce qui concerne les ASEM ou les professeurs de la ville de Paris dont l'activité restera uniquement concentrée sur le temps scolaire.
Une prochaine réunion des syndicats avec le maire de Paris sera organisée lors de la deuxième semaine du mois de mars et dans l'intervalle des réunions techniques et par secteur d'activité se poursuivront avec les adjoints concernés et les services de la ville.

 ------------------------------------------



Dans CRAP
Pour information: La revue des Cahiers pédagogiques s'adresse essentiellement à un public d'enseignants.



Tribune de Philippe Watrelot

« Refondation » de l’École : erreurs et blocages

 
Philippe Watrelot, observateur des opinions et des mouvements depuis de nombreuses années, présente sur son blog une analyse de la situation actuelle, entre erreurs et blocages. Vers une mobilisation toutefois ?


Alors que les tensions s’accumulent sur l’Éducation Nationale et que la refondation de l’École n’est pas encore arrivée au Parlement, il m’a semblé utile de rassembler mes réflexions sur ce sujet. C’est aussi l’occasion de marquer mon retour dans le commentaire et l’analyse après une période d’absence beaucoup trop longue.
Pour comprendre la situation, il faut analyser les erreurs commises par Peillon et son équipe mais il faut aussi se garder comme on le fait si souvent en France de juger et condamner une politique avant même qu’elle soit mise en œuvre. De nombreux blocages existent et il faut les mesurer.
Et pour relativiser la portée de cette analyse, il me semble important de souligner aussi que l’accumulation des préalables, la discussion sur la méthode (« on aurait du faire autrement » , « on aurait dû commencer par autre chose » ...) peut aussi servir à justifier l’immobilisme. Après la discussion, l’action ?
Des « erreurs » explicables mais qui peuvent compromettre la refondation
Quelles erreurs Vincent Peillon a t-il commises ? Lorsque je l’avais rencontré (au nom du CRAP-Cahiers Pédagogiques) lors des consultations organisées par l’équipe de campagne de François Hollande, j’avais été frappé par son obsession sur les rythmes et j’avais dit à l’époque qu’il me semblait curieux de commencer par cela. Tout en admettant que, face à une réforme systémique, si l’on touchait à un aspect, les autres viendraient ensuite. Par exemple, la question des rythmes devait forcément poser également la question des contenus enseignés et d’une évolution des programmes (ce que je pensais, et pense toujours, crucial).
Pourquoi Peillon était-il obsédé par les rythmes ? J’émets deux hypothèses en apparence contraires mais complémentaires. La première est de se dire qu’en attaquant par cet aspect très complexe et impliquant de nombreux acteurs, et cela avant les municipales de 2014, il serait plus facile après de s’attaquer au reste. D’autant plus, et c’est la deuxième hypothèse, que si cela semblait complexe, on pouvait aussi penser que le terrain était bien balisé et qu’il y avait un consensus sur cette question. Rappelons qu’il y a eu avant une commission sur les rythmes (co-présidée par Christian Forestier) où l’on constatait un accord sur la nécessité de revenir aux quatre jours et demi. Et les syndicats semblaient tous d’accord là dessus. On pouvait donc raisonnablement penser que débuter par les rythmes était finalement une bonne idée, même si Chatel s’était bien gardé d’appliquer les recommandations de la commission avant les élections.
Il est toujours facile de « refaire le match » et de pointer les erreurs de tel ou tel, après coup. On peut admettre qu’il y a eu une erreur d’appréciation des difficultés concrètes de mise en œuvre et notamment du malaise enseignant. Mais on peut aussi se dire qu’il y avait des signes qui permettaient de penser qu’on pouvait espérer une issue positive à la question des rythmes avant de passer à autre chose.
Mais nous en sommes là aujourd’hui. Et la question des rythmes semble « polluer » le débat sur la refondation de l’école et même dangereusement faire douter de la capacité à mener la suite du projet.
Une autre erreur a été, me semble t-il dans le rythme de la réforme et là aussi cela a à voir avec des erreurs d’appréciation. Vincent Peillon se prépare depuis deux ans à ce poste. Et le PS (avec Bruno Julliard) a préparé un projet sur l’école durant les dernières années. Avant même les élections et même la campagne présidentielle, il y a eu de très nombreuses consultations des partenaires sociaux (les syndicats) et même les mouvements pédagogiques. L’idée initiale était donc de faire une réforme très rapidement dès les premiers mois de présidence. Ce qui permettait aussi de lutter contre une résistance au changement présente dans toute structure en profitant de « l’état de grâce ». Le premier calendrier qui était évoqué le montre bien : initialement la loi devait être votée en octobre-novembre ! On pensait là aussi que le terrain était suffisamment balisé par les consultations préalables. Et surtout, l’enjeu était d’enclencher des réformes très rapidement car les effets des décisions prises dans le domaine de l’éducation sont très longs à venir. Le temps de l’École n’est pas le temps du politique ! Et les premiers effets auraient été à peine visibles à la fin du mandat de François Hollande. Mais il en a été autrement. « On » (Ayrault ? Hollande ?) a d’abord imposé à Vincent Peillon une « concertation » durant l’été. Une concertation impliquant les fameux « corps intermédiaires » déjà impliqués dans les consultations d’avant la présidentielle. Celle-ci, n’impliquant pas les enseignants « sur le terrain » (même si, je me répète, nous étions un certain nombre à avoir cette caractéristique), aurait pu se justifier si le rythme avait été maintenu. Une loi élaborée rapidement et votée avant la fin de l’année 2012. Mais le calendrier n’a cessé d’être retardé et cela a donné prise à la critique formulée par plusieurs observateurs de ne pas avoir pris la peine de consulter et d’impliquer l’ensemble de la profession.
Et ce recul des délais a donné de l’espace aussi au retour des postures syndicales et des négociations avant même la loi. Alors qu’il aurait été plus pertinent de fixer un cadre et de négocier l’application ensuite.
Ce problème de timing est aujourd’hui au cœur de la difficulté dans laquelle se trouve Vincent Peillon. Car, plus on tarde, plus on est dans le « bricolage » et dans le maintien de l’existant . Et plus on tarde, plus on court le risque de ne pas voir les effets de la « refondation » avant longtemps…
« Refondation », « réforme », quel terme employer ? L’usage des mots est de l’ordre du symbole et est un élément important de l’activité politique. L’usage du mot « refondation » est, à mon sens, une habileté de Vincent Peillon mais elle peut se transformer en erreur. Le mot de « réforme » est en effet un mot piégé. J’ai souvent dit et écrit que ce terme induit que tout ce qui précédait est bon à mettre « à la réforme ». Et dans un métier qui est vécu bien (trop) souvent sur le mode de l’intime, et où il est de fait difficile de dissocier le geste professionnel et la personne, la critique du système éducatif est vécu par certains comme une remise en cause personnelle. Une lettre d’une membre du collectif des dindons qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux et qui commence par une anaphore (« l’illettrisme… j’assume », « le décrochage scolaire… j’assume », etc. ) en est une belle illustration. Parler de refondation était donc habile car cela permettait de contourner cette difficulté et même d’offrir par ce vocabulaire lyrique une synthèse susceptible de plaire à la fois aux pédagogues qui veulent faire évoluer l’école et aux « républicains ». Mais l’effet pervers de l’usage d’un tel mot c’est de créer une attente forte (« refonder » ce n’est pas rien…) et de s’exposer à la critique devant la modestie des mesures mises en œuvre. C’est peut-être aussi ce qui est en train de se passer. Notons d’ailleurs que dans le vocabulaire employé par les médias et les acteurs de l’école, le mot « refondation » a de moins en moins la cote et que l’on parle de plus en plus de « réforme »…

La dernière « erreur » de Peillon (et du gouvernement) réside dans l’absence de marges de manœuvre. Mais pouvait-il en être autrement ? Dès la campagne présidentielle, François Hollande a fait de l’éducation sa priorité. Et il a « mis sur la table » les 60 000 postes à récréer. Et ce n’est pas rien ! On peut penser, c’est mon cas, que c’est un élément important de sa victoire et du vote d’une partie de l’électorat de gauche et en particulier des enseignants. Mais une fois cette annonce faite, il n’y avait plus rien à « dealer », tout avait été mis sur la table… Dans cette perspective, il devient alors très difficile de répondre aux revendications (légitimes mais injouables dans le contexte budgétaire) d’augmentation des salaires des enseignants ou même de rééquilibrage entre les enseignants du primaire et du secondaire. Et cela crée évidemment de la tension pour des enseignants qui voient dans la réforme en cours une nouvelle situation où ils « risquent » de perdre plus qu’ils ne gagnent. Et dans cette double contrainte cela oblige Vincent Peillon à être dans le registre des promesses et à courir le risque de se transformer en « Montebourg » de l’éducation…

L’Éducation Nationale (et la société française), c’est compliqué…
Tous les torts ne sont pas du côté du Ministère, loin de là. Faire bouger l’École et au delà la société française, c’est pas de la tarte… Essayons de repérer quelques-uns des blocages qui sont aujourd’hui à l’œuvre.
L’ Éducation Nationale, c’est d’abord une énorme machine bureaucratique avec un ensemble de hiérarchies intermédiaires et de procédures. Les unes produisent les autres pour continuer d’exister. On peut penser que dans la structure intermédiaire (inspection, administration centrale, présidents d’université, certains chefs d’établissement) tout le monde n’a pas intérêt à voir changer l’École. Car cela remettrait en question des « territoires » et entraînerait des enjeux de pouvoir. Le système a donc une force d’inertie et de résistance qui a bien souvent contribué à l’empilement des dispositifs et même la perversion de ceux-ci. Il suffit de voir comment le travail par compétences a souvent été transformé en « usines à cases » pour apprécier les dégâts. On peut aussi s’interroger sur les tensions qui sont à l’œuvre dans la mise en place des futures ESPÉ . Les enseignants sont conscients de cette pesanteur administrative et cela contribue à leur méfiance vis-à-vis de toute évolution vécue comme du travail en plus.
L’accumulation des procédures se traduit aussi bien souvent par un contrôle a priori qui exprime implicitement un manque de confiance dans les acteurs de l’éducation que sont les enseignants et conduit aussi à ce que l’on appelle le « travail empêché ». On fait son travail du mieux que l’on peut mais dans une structure qui dysfonctionne et qui ne permet pas de bien le faire.
Depuis le changement de majorité et de ministre, une bonne partie de la structure a continué à tourner comme avant et il y a eu peu de signes d’un réel changement dans le management de l’Éducation nationale. Cela a pu retarder la mise en œuvre des premières mesures et accréditer l’idée d’un changement a minima. Depuis quelques temps, on voit cependant des changements de personnes s’opérer. Mais plus que les personnes, c’est la relation de confiance entre les personnels qui est à reconstruire. Et cela prend du temps.
Peut-on réformer l’École ? Cette question a été posée dans la presse notamment après la grève des professeurs des écoles parisiens le mardi 22 janvier contre la réforme des rythmes. Beaucoup de commentateurs ont considéré que cette grève était incompréhensible ou injustifiée et ont mis en avant des réflexes « corporatistes » alors que d’autres avaient des avis plus nuancés. Il ne s’agit pas ici de dire qui a tort ou qui a raison. D’abord parce qu’il est difficile de voir une seule explication dans cette grève et dans les résistances qui sont à l’œuvre. Beaucoup d’enseignants étaient en effet sincèrement en attente d’une réforme plus ambitieuse. D’autres (ou les mêmes) sont dans la « crainte » d’une dégradation de leur situation. D’autres encore (ou les mêmes) considèrent qu’on aurait dû faire autrement… Et tout cela prend corps sur un malaise profond qui est le résultat de cinq ans de sarkozysme et de destruction de l’école, et au-delà, d’une dégradation des conditions de travail et du pouvoir d’achat des enseignants. Il est difficile alors d’être dans une seule forme d’explication.

Au risque (assumé) de m’attirer beaucoup de critiques, on peut quand même constater à la lecture de certains écrits que leurs auteurs ont la mémoire courte. On ne se souvient pas en effet de manifestations virulentes lors de la suppression du samedi matin il y a quatre ans. Car lorsqu’on parle d’une augmentation du temps de travail (ce qui est très discutable) on oublie que cette « réforme » néfaste ne date que d’il y a quatre ans… On semble aussi oublier que si Nicolas Sarkozy avait gagné le 6 mai 2012, nous serions en train de préparer une des pires rentrées de l’histoire, en attendant une prochaine encore pire. Et je ne suis même pas sûr que dans un tel marasme, cela aurait déclenché des grèves massives…

J’ai dit plus haut qu’une des erreurs commises par le gouvernement a été de griller toutes ses cartouches et de ne plus avoir de marges de manœuvre. Cela complique la tâche alors que le constat de la dégradation du pouvoir d’achat et de la faible rémunération est une réalité. Mais alors se posent deux questions. C’est d’abord celle de la justification ou non d’un traitement différent des enseignants par rapport aux autres fonctionnaires. Au nom de quoi ? Et par ailleurs, c’est plus largement la question de l’appréciation de la réalité de la crise et de la contrainte budgétaire et de l’austérité qui est posée. Mais là, on s’éloigne de la simple question enseignante et on voit bien qu’il y a aussi derrière ces revendications récentes une posture politique.
L’autre « erreur » repérée plus haut porte sur le périmètre de la concertation. Beaucoup de slogans revendiquent une « vraie » concertation laissant entendre que ce qui s’est réalisé cet été n’est pas légitime. Au passage, cela en dit long sur les dégâts du sarkozysme dans la délégitimation des « corps intermédiaires » et en particulier des syndicats. On a d’ailleurs vu ceux-ci être récemment obligés de faire évoluer leurs discours sous la pression de la “base”. Les tensions en interne sont vives.
Une concertation impliquant tous les personnels aurait-elle été plus efficace ? L’histoire récente de l’Éducation Nationale nous montre que les dernières consultations globales (Legrand, Thélot, Meirieu) n’ont pas eu forcément plus d’impact sur la transformation de l’École même si cela a eu un « effet pédagogique » et de prise de conscience collective. On pourrait (comme je le suggérais dans un billet précédent) concevoir aussi que la consultation porte non pas sur la loi mais sur l’application de cette loi. Si l’on considère que celle-ci fixe les grandes lignes et laisse suffisamment d’autonomie et de marges de manœuvre dont pourront se saisir les acteurs de l’éducation, alors ce pourrait être l’occasion d’un véritable changement de perspective dans l’Éducation Nationale. Passer d’un logique « top-down » à un véritable empowerement des personnels. Bâtir une École plus efficace avec des finalités claires et des procédures assouplies pour laisser la place à l’expertise des professionnels. Moins de hiérarchies intermédiaires et une responsabilisation des équipes. On peut rêver ?...

Mais cela risque de n’être qu’un rêve en effet, tant cela semble éloigné de la culture française marqué par un centralisme bureaucratique et déresponsabilisant. Dans la culture française et pas seulement enseignante, il est souvent plus facile et confortable de penser « global » que d’agir « local ». Nous ne sommes pas encore ou pas assez dans une culture de l’expérimentation et du « work in progress ». Il est souvent plus facile d’accumuler les préalables et de faire la liste des dérives possibles et des dangers de tel ou tel dispositif plutôt que de se lancer de manière optimiste dans son expérimentation et d’en tirer les enseignements après. On voit bien souvent le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. On peut dire que c’est une forme de procrastination collective qui peut conduire à l’immobilisme.

L’association dont je suis adhérent et aujourd’hui président (mais les propos tenus ici me sont personnels et n’engagent pas l’association) a pour slogan depuis longtemps « changer l’école pour changer la société, changer la société pour changer l’école ». Il faut se garder d’une mauvaise interprétation de cette phrase qui en ferait un slogan révolutionnaire. Il invite au contraire à un réformisme exigeant. Car le danger c’est d’attendre le « grand soir » et de penser qu’il suffirait de résoudre les problèmes de la société pour ne pas avoir à changer l’École. Or, le changement, il doit se faire aussi et d’abord dans ses pratiques dans sa classe, dans son établissement au quotidien, en se saisissant des marges de manœuvre qui existent quoi qu’on en dise. Si on attend que tous les moyens, toutes les conditions soient réunies, on risque au final de ne rien faire. S’il faut en effet garder en tête que la société doit changer et que l’acte éducatif, qui met en jeu des valeurs, a forcément une dimension politique, il ne faut pas tomber dans le travers qui consiste à négliger les changements de l’école. Il peut y avoir un « gaucho-conservatisme » tout aussi néfaste que la posture des conservateurs proprement réactionnaires et repliés sur une vision mythifiée d’une école élitiste et qu’il est impropre de qualifier de « républicaine ».
Car derrière tous ces débats, ces blocages et ces erreurs que nous avons tentés de repérer (et nous en avons sûrement négligés), il ne faudrait pas oublier que l’École aujourd’hui va mal. Toutes les études montrent que celle-ci est profondément inégalitaire et produit de l’échec et conduit à la persistance d’un noyau dur de 20% d’exclus du système éducatif (sans diplôme et/ou en grande difficulté). On peut bien sûr contester toutes ces études nationales ou internationales et continuer à dire que « nous avons la meilleure école du monde », mais la convergence de celles-ci doit nous inciter à plus de modestie. Le rapport de la concertation concluait à un « constat partagé » sur la situation de l’École. Au vu des tensions actuelles on en vient à en douter et à se demander si la société française dans son ensemble ne s’accommode pas de la persistance de ces inégalités et n’a pas décidé de refermer la porte devant ces élèves, ces jeunes qui sont en échec et qu’on n’entend guère (même si de temps en temps, des voitures brulent et des émeutes éclatent…).

Face à un tel enjeu, la mobilisation est indispensable. La loi qui va être débattue au Parlement sera-t-elle à la hauteur de l’enjeu ? Saura-t-on aller au delà des erreurs et dépasser les blocages ? Et surtout, chaque enseignant, est-il convaincu de cette impérieuse nécessité ?
On s’y met tous ?


Libération

Rythmes scolaires : Peillon en difficulté
Le Figaro, Mis à jour le 19/10/2012 à 10:50 | publié le 18/10/2012 à 19:22 


Vincent Peillon, lors d'une rencontre le 15 octobre avec les syndicats des enseignants au ministère de l'Éducation nationale. Crédits photo : FRED DUFOUR/AFP

Parents d'élèves et syndicats critiquent les projets du ministre, moins ambitieux que prévu.

 
Et si le mammouth accouchait une nouvelle fois d'une souris? Préconisée par leschronobiologistes, défendue haut et fort par le ministre de l'Éducation, très attendue par enseignants et parents, la réforme des rythmes scolaires pourrait bien se révéler moins ambitieuse que prévue.

C'est en tout cas ce qui ressort des discussions que les syndicats d'enseignants ont eues, les 15 et 16 octobre, avec le ministre, dans le cadre des négociations concernant la loi de programmation et d'orientation qui doit être rédigée avant début novembre.

« Vincent Peillon a réussi le tour de force de se mettre à dos les enseignants et les parents d'élèves», estime sans détour Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa. Selon le premier scénario dévoilé par le ministre aux syndicats, la journée d'école sera pratiquement aussi longue, passant de 6 heures à 5 h 30. Elle s'achèverait à 16 heures, et non 15 h 30, comme annoncé. Une bien mince avancée pour les écoliers.

Car l'aide aux devoirs promise à tous les élèves au nom de l'égalité serait dispensée par les enseignants de 15 h 30 à 16 heures. Une proposition qui fait bondir certains syndicats de l'Éducation nationale. «À 15 h 30, les enseignants vont dire à leurs élèves de fermer leurs cahiers pour faire leurs devoirs?» interroge Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, principal syndicat des professeurs des écoles, qui dénonce une «construction purement intellectuelle». «Dans la vraie vie, cette demi-heure correspondra tout simplement à du temps scolaire, ce qui n'est pas satisfaisant, ni pour les élèves ni pour les enseignants.»

«Faire faire les devoirs à 16 heures à une classe entière, ce n'est plus de l'aide aux devoirs», bondit de son côté Christian Chevalier, secrétaire général à l'Unsa, tandis que le Sgen-CFDT regrette la suppression de l'aide personnalisée (1 h 30 hebdomadaire par enseignant par groupe de moins de 10 élèves), «qui permettait un travail individualisé avec les élèves les plus fragiles».

 

«Le plus mauvais moment»


Dans ce scénario, ce n'est donc qu'à 16 heures qu'entreraient en piste les collectivités territoriales pour l'organisation de ce temps périscolaire présenté comme une autre grande avancée de la réforme des rythmes. «Une demi-heure, c'est ridicule», estime certains syndicats, regrettant que les impératifs financiers aient fait plier le ministre.

«Nous souhaitons travailler en lien avec les équipes pédagogiques», explique François Bonneau, président de la commission éducation de l'Association des régions de France (ARF). «Les collectivités demandent un accompagnement financier de la part de l'État», poursuit-il, avant de rappeler que 25 % des dépenses publiques d'éducation sont actuellement supportées par ces collectivités. «Les collectivités ne veulent plus qu'on les considère comme de simples payeurs, mais que l'on reconnaisse leur rôle éducatif. Au moment où ce rôle leur est reconnu, on ne peut pas partir du principe qu'elles n'investiront pas plus», considère Jean-Jacques Hazan, le président de la FCPE, évoquant une nécessaire «mobilisation nationale autour de l'école».

Le président de la fédération de parents d'élèves rencontre le ministre aujourd'hui et entend rappeler ses priorités. «Nous voulons une réduction réelle de la journée», martèle-t-il. «Si l'on veut transformer la relation pédagogique, comment peut-on imaginer de mettre des devoirs à 15 h 30?» interroge-t-il.

«La réforme des rythmes intervient dans un contexte budgétaire contraint. C'est presque le plus mauvais moment», conclut le président du SNUipp-FSU, Sébastien Sihr. Et si les collectivités doivent être soutenues dans cette démarche, les enseignants ne seraient pas opposés à une revalorisation. Vincent Peillon l'a bien compris. Dans ses discussions avec les syndicats, le ministre s'est engagé à accorder une compensation financière pour la demi-journée supplémentaire travaillée le mercredi.

 

Directeurs d'école: les grands oubliés de la concertation


Élaborer le projet pédagogique, gérer l'école au quotidien, mais aussi accueillir les parents, intervenir auprès des enfants, discuter avec les élus, s'occuper du chauffage… Les missions du directeur d'école sont pour le moins «pléthoriques», comme le constate une enquête du syndicat SE-Unsa qui conclut à une «souffrance au travail».

Si 79 % d'entre eux trouvent leur métier «intéressant», 70 % le jugent «épuisant» et «stressant». L'amélioration des conditions de travail des 4 000 directeurs d'école de France passe par un soutien administratif (certains établissements n'ont ni secrétariat ni concierge) et des décharges. Car si à Paris les directeurs sont déchargés de cours, ce n'est le cas en province que si l'établissement compte plus de 13 classes…

L'enquête conclut à une nécessaire définition du rôle du directeur et à une évolution de son statut. Rappelons qu'il n'a aucun pouvoir hiérarchique sur les enseignants. Enfin, le salaire mériterait d'être revu. Pour un professeur ayant dix-huit ans d'expérience et venant de passer directeur, il s'élève par exemple à 2150 euros net.



L'école, ou le triomphe du corporatisme


 Un examen pour entrer au collège
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, propose un « examen de passage en 6e». Dans un entretien au Parisien, le dimanche 24 octobre, il a expliqué :
Annonce
«Mon idée est de créer un examen de fin de CM2, d'évaluation des enfants. Ce serait un examen de passage en 6e. On réorganiserait complètement le programme du primaire dans cette perspective.»
«Si on n'a pas acquis ces connaissances (lire, écrire, compter...), mieux vaut redoubler, pour protéger l'enfant, que le faire passer au collège et lui faire courir un vrai risque de décrochage.» (Source Libération.fr)


La FCPE réagit 
En proposant de rétablir l’examen d’entrée en sixième, Jean-François Copé, nous fait revenir plus de 50 ans en arrière… La FCPE le met au défi de démontrer en quoi le système qu’il défend améliorerait les résultats des élèves alors que toutes les études internationales montrent l’inverse.

Cette proposition n’est finalement qu’une remise en cause du collège pour tous, l’occasion de le démanteler et recréer un système à deux vitesses.
Réinstaurer un redoublement de masse. La réouverture des classes de transition exclurait de nombreux jeunes de toute qualification.

La FCPE rappelle que le socle commun doit favoriser les apprentissages et l’évaluation des connaissances et des compétences tout au long de la scolarité.

Le retour à une sélection précoce ne permettrait pas d’atteindre les objectifs européens fixés : 85 % au baccalauréat, 50% d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur, aucune sortie sans qualifications. Elle entraînerait inexorablement une régression des résultats (étude Pisa, Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves).

Permettre la réussite de tous impose aussi la mise en place d’un encadrement nécessaire qui a fait ses preuves aux Pays-Bas et en Finlande par exemple pour que chaque élève parvienne à construire son parcours scolaire.

Analyse
«Une barrière sociale»
Dans une interview de Véronique Soulé, paru dans Libération, le 30/10/2010, l’historien de l’éducation, Claude Lelièvre, a réagi aux propos de Jean-François Copé. Extrait.
« Cet examen a peu à peu disparu sans avoir été vraiment supprimé. Avec la création des CES, on a d’abord demandé à tous les élèves de CM2 de présenter un dossier de passage. (…) Puis, lorsqu’en 1972 les CES ont fini par mailler le pays, les élèves y ont été admis, après avis d’une commission. Seuls ceux du privé hors contrat voulant rejoindre le public ont continué à passer un examen. »
Un sujet de polémique ?
« Le fond du problème, c’est le lien entre le primaire et le collège. En prônant ainsi le redoublement, on veut séparer le primaire du collège et faire de celui-ci l’antichambre d’un secondaire d’élite. De Gaulle, lui, avait choisi la continuité entre les deux niveaux. Jean-François Copé va ici à contre-courant de l’ambition gaullienne. »

Tendance actuelle

« La tendance actuelle des experts est de réduire au maximum le hiatus primaire-collège, et de faire un effort sur le primaire, en lui donnant plus de moyens et en mettant l’accent sur les apprentissages de base. »
Que fait-on en Europe ?
« Dans la majorité des pays, il n’y a pas d’examen d’entrée en sixième, et on distingue nettement entre le secondaire inférieur (le collège) et le secondaire supérieur (le lycée). En France, traditionnellement, on avait tendance à rattacher le primaire au secondaire. Mais, compte tenu des résultats internationaux qui ne sont pas très bons, on a assisté à une bascule en sens inverse. Désormais, le collège doit se tourner vers le primaire plutôt que vers le lycée. Jean-François Copé revient donc à une conception d’avant le général de Gaulle et d’avant le CES, a fortiori contre le collège unique pour tous les élèves qui va suivre, en 1975. Peut-être est-il suivi par une partie de l’électorat de droite, voire de la gauche dite républicaine. Il espère en tout cas capitaliser sur la nostalgie du temps passé. »
Claude Lelièvre a un blog sur Mediapart www.mediapart.fr/club/blog/claude-lelievre